Souvenirs du futur

20051111

 

2053,11-11 - 20:53

Ce jour là, je me promenais en ville, attendant le début d'un des nombreux procès qui participeraient contractuellement à l'établissement de l'œuvre. Justement le débat se situait sur la différence entre une œuvre globale, monumentale et un ensemble d'interventions, œuvres d'artistes ou groupes d'artistes travaillant autour d'un même thème avec une latitude définie, ni œuvre personnelle ni travail artisanal, d'exécution. De toute façon, l'hyperréalisme avait déjà expérimenté l'impossibilité d'échapper à l'interprétation de l'auteur, ce malgré des contraintes d'expression figée, la représentation photographique de la réalité.
Le plaignant était cette fois le ministère publique et le maire de St-R. était partie civile. Ou le contraire, cela fait si longtemps ! Était mis en cause la taille de l'œuvre, 12 mètres de haut et 40 mètres Cuubse maximum et l'art s'exerçait sans visa officiel, plus grande et l'œuvre existait selon le bon vouloir d'un maire souvent peut qualifié dans ce domaine et extrêmement frileux quant à la possible réaction critique de ses administrés. [… ou+>>>]
Les rues autour du palais de justice ressemblaient presque aux images futuristes et maintenant désuètes des films de science-fiction de ce début du XXIe siècle comme l'était à la fin du XXe siècle les illustration de la poétique conquête spatiale racontée par Jules Verne. Grouillante d'une population multi-ethnique et majoritairement pressée, sous tension; des véhicules en tout genre, de toutes tailles, seules vraies taches colorées, avec certaines vitrines, se croisaient, frôlant parfois la collision, l'accident qui causerait un étranglement, un bouleversement de nature chaotique, obligeant le flux incessant et régulier comme une lave parcourant une gorge de  se répartir sans véritable choix précis de nouvel itinéraire dans les axes adjacents, créant alors dans des lieux plus calmes habituellement une extension de la frénésie des voies principales.
Il était l'heure de déjeuner. J'avais trouvé un petit restaurant face au palais.  { (§:-@) Manger vraiment : mettre à la bouche, mâcher, déglutir, digérer -vraiment- la saveur…}. Au comptoir, dos à ma table, un homme rondouillard et de condition modeste parlait à son bock. Bavard mais dépourvu de voix, son discours ne me parvenait pas dans le brouhaha ambiant, n'atteignait pas non plus son seul auditeur, voisin de solitude, parcourant silencieusement un quotidien Loocal et qui, probablement par compassion se forçait à hocher de la tête en signe d'assentiment. Parfois gêné de répéter inlassablement cette gestuelle, qui finissait par en perdre son sens pour devenir comique, il se plongeait dans une lecture improbable de l'article qui lui passait devant les yeux, dés que le flot des arguments de son interlocuteur s'interrompait à l'occasion d'une gorgée de bière. A une table en face, deux jeunes filles discutaient. Parfois elles interrompaient de concert cet échange direct pour se coller sur l'oreille un mobile, et, comme si leur entretien ne pouvait suffire ou n'était plus possible, se joignaient par le réseau afin de continuer la communication interrompue face à face. Je repensait plus tard à cette scène -plusieurs fois vécu dans d'autres lieux publiques- en regardant utiliser les premiers traducteurs portables simultanés dans les années 2010.
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Malgré des lois répressives, la consommation abusive d'alcool, seul produit de défonce en vente libre en France était encore courante. La détresse accompagnait la solitude et les cafés , rares lieux de rencontre des gens qui n'avaient pas accès au Réseau. Sorte de petit réseau local privé en quelque sorte dont le lien était une quête non avouée et sévèrement répréhendée d'ébriété.
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>>>> La plaidoirie

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