Souvenirs du futur

20051117

 

2053,11-17

J'ai longtemps eu une rage devant les informations qui me parvenaient. Je trouvais que les gens, les plus méritants, les plus courageux -et quand je parle de courage, je pensais à ceux qui risquaient leur vie pour faire progresser celle des autres- avaient encore, surtout ceux-là, une pudeur quant à la révolte qu'aurai pu donner l'injustice contre laquelle ils luttaient. Je trouvais la colère primordiale pour qu'une lutte soit efficace. Les méchants, les vrais méchants le savaient et conditionnaient leurs combattants. Les victimes, lorsqu'elles arrivaient à s'en sortir, lorsqu'on leur offrait réparation n'avaient, elles, pas de rage, ni d'envie de représailles. Victimes ensuite de cette morale ambiante qui montrait comme exemple la modération et la soumission à l'ordre quel qu'il soit.
Au Maroc, je regardais avec désespoir les victimes du roi précédent, tyran notoire, remercier le nouveau roi, fils du précédent, pour leur permettre juste de dire qu'ils avaient été persécutés pendant un demi siècle. Mais victime de qui ? Ils avaient accepter de parler de ce qu'ils avaient vécu, des souffrances, des humiliations, des emprisonnements, de la disparition de leurs proches, sans avoir le droit de citer le nom de leurs bourreaux. Victime du régime, celui là même qu'ils soutenaient finalement en ne citant pas le nom des complices et surtout pas le nom de celui qui se donnait des airs de démocrate en autorisant, grand prince, cette mascarade judiciaire et qui avait dans ses veines le sang de celui qui avait fait coulé celui de ce peuple, engluée dans ses traditions et de sa religion, fidèle et complice de cette théocratie.
Des peuples bernés par des dieux, par ce Dieu possédant plusieurs raisons sociales, par ceux qui savaient en profiter, les petits fils de ceux qui les avaient inventés. Bernés parce qu'on montrait en exemple ces victimes modèles, modérées et soumises alors qu'on aurait du les inciter à être méchantes, pour le bien de tous.
Je ne voyait comme solution que la radicalisation dans le combat contre plus de deux millénaires de soumissions en tout genres dictés par des croyances ineptes. Au début du troisième millénaire, tout était encore observé, analysé, admis ou condamné, dans toutes les sociétés, pour tous les sujets, la morale bien sûr, mais aussi la justice, l'économie, les relations humaines, la politique, l'éducation, tout, absolument tout, à travers le prisme déformant des religions. Il était impensable de donner un avis sans faire référence à une croyance, même pour ceux qui doutaient, ne croyaient plus ou n'avaient jamais cru. Les cathos préféraient même l'avis d'un musulman ou d'un juif à celui d'un athée. Pourtant j'étais déjà persuadé que la majorité des personnes que je côtoyaient et qui se disaient croyantes, croyaient croire plutôt que croyaient tout court. Il n'était pourtant pas bien vu de critiquer Dieu, quelque soit sa forme et son nom, les penseurs athées ne finissaient plus, en occident du moins, sur les bûchés mais subissaient de vives critiques.
L'avenir de l'humanité me semblait liée à la disparition de toute croyance. Ceux qui avaient fait dire à Malraux "Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas" ne supportaient probablement la position ambiguë d'un ministre (nommé par un général catholique) qui dira plus tard qu'il envisageait la possibilité d'un événement spirituel à l'échelle planétaire. A savoir maintenant si la disparition des croyance peut être un événement spirituel, probablement.

Comments:
Hmm.. Ik vind Nederlands toch beter klinken eigenlijk hoor..:)
 
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