Souvenirs du futur

20051125

 

2053,11-22

Ce soir nostalgie au programme. Ce soir de maintenant si ce mot a encore une quelconque utilité.
—…—…—…—…
[Je me souviens de …]

Doit-on (Quel est ce relent de morale conventionnelle ?) garder cette tradition liée à sa fin, sa mort, lorsqu'on n'a plus à la subir ? Finalement consigner ses souvenirs, de façon traditionnel j'entends —comme un amis qui partait en voyage sur la trace de ses ancêtres avec un appareil photo argentique (1)— reste un acte nostalgique presque parfaitement inutile. Je pourrai les revivre par exemple, voir les modifier, les rendre encore plus parfait… Mais, non, je défie tout ceux qui, comme moi, ont connu une vie "réelle", disons plutôt physique (pour que tous comprennent) de chercher à revivre leur passé. Quel meilleur moyen de s'apercevoir des limites de notre monde, der ses petites imperfections, des éléments aléatoires, des différences de réaction entre les personnes "physiques" et les avatars.
Le souvenir est une nécessité, il était naturel lorsqu'il était traduit par réaction chimique dans nos cerveaux, il l'est toujours pour ceux qui ont eu une existence physique, ne parlons pas de ceux qui partagent leur existence entre "réalité" et "cyber-paréidolie".
Certes, la différence entre stockage, archivage et un simple souvenir de l'ancien temps peut nous paraître subtile. La nostalgie est actuellement un concept qu'on utilise dans le sens d'un archivage poétique. Mais la nostalgie était simplement la résultante d'une perte d'information. Perte de neurones, perte de mémoire, de ses composantes chimiques dans son cerveau —personnel et totalement physique, entièrement dédié à ses propres informations— d'une durée de vie limité, sans garantie et surtout sans aucune copie à l'identique. Mais avant cette disparition, cet effacement irrémédiable de disque dur, la perte de données régulière au profil d'un bruit, d'une abstraction et par instant une lueur sur un moment précis, comme un fichier retrouvé, qui, liée sans ménagement aux lueurs suivantes, engendrait le cadavre exquis nécessaire à la nostalgie et parfois à la mélancolie. Comme la disparition négligente des informations composant une image argentique. Le vieillissement des données. Aussi étonnant que ça puisse paraître, je ne parle absolument pas d'un égarement, d'une erreur d'indexation mais bien d'un effacement naturel, sorte de marque désespérée du temps avant l'effacement complêt. La nostalgie n'est donc qu'une interprétation rationnelle, un filtre d'émotion non programmable, totalement arbitraire, imprévu, autonome et souvent destructeur et souvent poétique, évocateur de ce temps qui passe, la négation de notre futur, antinomique présent éternel.

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