Souvenirs du futur

20051128

 

Où en sommes-nous de la simulation des contacts humains ?

La nostalgie, c'est de la nostalgie dont je parle alors que c'était ce dont je souhaitais parler qui était nostalgique. Nostalgie des contacts charnels, des grains de peaux sous le bout des doigts lorsque ma fille cadette demandait un câlin en attendant surtout des gratouilles dans le dos. Chaleur d'un souffle dans le cou qu'on emprisonne entre quatre bras enlacés lors de vrais câlins avec ma fille aînée et mon fil, le plus tendre des trois. Vertige d'un instant d'échanges éternel, de passation d'âme. J'avais le sentiment de transmettre tout ce qui m'était parvenu, du fond des âges jusqu'à la plus récente nanoseconde de ma vie simplement en serrant mes enfants dans les bras.
Ma mère ne devait pas ressentir la même chose car elle exprimait rarement sa tendresse par des contacts. Sa mère, le seul grand parent que j'ai connu ne donnait rien d'elle-même. D'origine allemande ou alsacienne, rigide jusqu'à la caricature, elle m'inspirât jusqu'à mes onze ans, jusqu'à son décès, malaise, répulsion et haine. Elle devait être méchante et je ne pense pas que ce fut causé par la vieillesse. elle n'avait probablement jamais accueilli contre elle sa seule enfant. Ma mère en avait garder cette maladresse pour le contact physique avec les enfants. Pourtant, elle devait m'aimer bien plus que de nombreuses mères car j'étais arrivé tardivement dans sa vie et je me considérais d'ailleurs comme un rescapé de la trisomie et des syndromes psychologiques classique des enfants de vieux, souvent extrêmement protégés, donc fragiles et cabotins.[[[[ [Une faible socialisation - timidité]]]]
Mais si son amour maternel passait rarement par kinesthésie, je le ressentais, jusqu'à ses derniers jours. Nous avions parlé ensemble quelques heures avant l'opération au cerveau qui la laisserait plusieurs semaines dans un parfait état végétatif. Forme vague d'un corps détruit prison d'une vie finissante, écrasé au centre d'une vaste chambre dans un lit à barreaux articulés dont la tête débordait d'une multitude d'appareils qu'on distinguait dans la pénombre grâce aux diodes vertes et rouges, et des mats desquels pendaient des sacs transparents distribuant leurs sucs nutritifs ou recueillant les excrétions des organes dont l'autonomie avait cessé, au milieu d'un concert de pompes poussant, aspirant, respirant, comme si les bruits de fonctionnement de la machine humaine aurait été extraite durant l'intervention chirurgicale.
Cette dernière rencontre avec ma mère se résuma à son testament moral inspiré par l'urgence que devait lui dicter l'instinct de sa mort imminente. Elle me demandait de prendre mon père en charge, conscient de la détresse qu'allait lui causer sa disparition brutale et inattendue. Mon père était malade du cœur et avait imaginé depuis son premier infarctus, par faiblesse, partir avant elle.
Lui non plus n'était pas tendre, à cette époque un homme ne devait pas embrasser ses enfants, surtout un garçon.

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