Souvenirs du futur

20061017

 

Le débat

Le village était devenue le centre du débat qui s'était instauré entre ceux qui professaient la dématérialisation complète mais volontaire de chaque être et ceux pour qui la vie n'était possible que dans un corps. Certes, le débat était aussi présent dans des milieux plus traditionnels, assemblées politiques, lieux de culte de nombreuses religions, certaines n'ayant apparut que tardivement, vers les années 30, scientifiques conventionnels, mais il était réduit à ses conséquences sur le profit. Le monde dématérialisé n'avait plus besoin de rien, autre qu'une conscience exacerbée du devenir de ce monde qui lui était encore familier, cette petite et très étrange planète d'où tout était parti. Le village donc, par contre, abordait cette question par une recherche spirituelle. [Une forme de lutte entre le bien et le mal]. La DDC recueillait les zélateurs de la fin de la race humaine, la [[µæî∑œ ∂ê ¬'Ê∂«~ê]] ceux qui ne pouvaient admettre qu'exister ne dépend pas de son corps mais de sa pensée. Ils croyaient que la pensée était directement liée à la sensation de vivre comme l'homme avait toujours vécu. Les partisans de l'Ê∂«~ê recrutaient dans des sociétés très diverses et souvent très éloignées dans leur approche du corps. Bien entendu, les religieux les plus en pointes de chacune des religions étaient présents à Saint-Romain mais aussi de nombreux ordres violents, satanistes, nazis avaient aussi leurs représentants. Certains anciens politiques avaient aussi fait le choix de cette recherche spirituelle et avais reniées les leurs pour être acceptés dans l'Ê∂«~ê.
La DDC n'hébergeait pas le dixième de la totalité des résidents. La plus part de ses membres n'avaient plus forme humaine, seul quelques volontaires avaient accepté de continuer à vivre pour permettre les confrontations avec les disciples du corps. Certains de ces volontaires venaient du camp adverse, ils avaient admis que l'avenir ne pouvait se concevoir que dans la mutation complète de notre race en une autre race, presque immatérielle, parasite des particules élémentaires, mais n'arrivaient pas à accepter de disparaître. Ils étaient de véritables paradoxes, leur existence numérique restaient particulièrement superficielle, certains ne souhaitaient même pas se dématérialiser et acceptaient de seulement disparaitre à la fin de leur vie physique. Souvent les plus convainquant, leur abnégation était en effet absolu et leur apportaient de la sympathie même parmi leurs anciens complices qui se trouvaient dans l'autre camp.
La ÓæîÒœ~ ∂ê ¬'Ê∂«~ê, après s'être appuyée contre la DDC, avait migrée dans le bourg, l'avait annexée plus précisément. Un immense cube de plusieurs couches concentriques en verre recouvrait tout le vieux bourg. Pour y entrer, il fallait traversée cette muraille translucide épaisse de plus d'une quinzaine de mètres en empruntant des couloirs de tailles imposantes. De nombreuse portes, chargées de détecteurs physionomistes contrôlaient automatiquement l'entrée du lieu. Une fois à l'intérieur, la vision était encore plus surprenante, comme si l'on se trouvait dans une boule à neige, ou un immense aquarium, oui, c'est ça, et que les bâtiments qui avaient été conservés ressemblaient aux ruines kitchs en biscuit coloré qui les décorent, exclusivement des édifices historiques, toutes les constructions plus récente ayant fait place à de vertigineuses carrières, traces des fouilles hystériques qui avaient occupés pendant plus de dix ans les partisans de la tradition. De nombreux vestiges, dont le sommets de leurs murs délabrés ne culminaient plus qu'à moins d'une dizaine de mètres du niveau actuel du sol avaient été aménagée en salles machines. Les disques de stockages gigantesques et innombrables utilisant des technologies révolues communiquaient par un rhizome de fibres optiques et parfois d'antiques fils de cuivre. Les bâtiments hors-sol, sauf l'église et le ??? qui abritaient le culte et le parlement, hébergeaient les différentes communautés qui, si elles partageaient la même croyance, ne se supportaient que difficilement. De nombreuses rixes dont certaines avaient fait des morts se déclenchaient parfois, toutes pour des raisons bien humaines, cupidité, racisme, (…) étaient encouragées par le maître des lieux. —©;x vivait accroché par la peau à un réseau de fils qui faisait de lui un énorme pantin animé constamment par une demi-douzaine de membres qui agissaient sur leur fil pour lui faire changer d'attitude. —©;x ne se servait plus de ses muscles ni de sa volonté pour bouger. Il vivait dans l'air, sans jamais toucher le sol, entouré par une structure métallique motorisée supportant les poulies qui permettaient de faire coulisser les fils que manipulaient ses marionnettistes. Si son corps n'était plus qu'un pantin désarticulé, son esprit imposait une tyrannie absolue sur tous. Presque dans la disposition de vouloir se défaire de son corps, maîtrisant sa courre et sa garde par sa seul volonté, il ne concervait de souvenir de son existence avant sa définive suspension que la souffrance dont il jouissait à la fois par celle qu'il s'infligeait et par celles qu'il imposait, nombreuses, à tous ceux qui étaient amenés à le côtoyer, et les désagréments physiologiques incontournables. Des tuyaux cousus dans ses chairs enchâssaient son anus et son sexe afin d'évacuer ses déjections qui étaient collectées et exposées tout au long de leur biodégradation.

Les murs, parois, façades, constructions, peintures de la DDC étaient à cette époque totalement pourpris dans une épaisse couche de résine indestructible et parfaitement translucide. Cette résine avait été façonnée afin de ne présenter que des arrêtes vives qui faisaient miroiter les murs noirs et se dupliquer, sur des centaines de facettes, les traces de symboles, yeux des portraits, couleurs criardes des graffs, IPNs rougis d'une rouille maintenant inerte et éternelle et même certaines plantes qui n'avaient pas échappées à l'inclusion. Cependant, autour du bâtiment historique, de cette porte vers la race suivante, la vie se faisait dans des conditions plus naturelles, à l'air libre, dans une ambiance presque champêtre. Ce n'était pas pour autant surprenant pour les nouveaux adeptes, ou ceux dont la croyance les poussaient à s'engager dans le prosélytisme de la dématérialisation. L'anticonformisme régnait absolument de partout. Les tenus gothiques avaient migrées sur l'autre partie du village, s'agrégeant avec les tenues des technophiles, mais il restait un esprit de révolte radicale qui s'exprimaient autant dans les tenues chamarrées et glamour associées avec des accessoires cosmopolites, bijoux africains, asiatiques, kefiés, tenues militaires, mais aussi d'ironiques aubes, étoles et chasubles portées de façons anarchiques en l'honneur de Petrus Romanus!

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