Souvenirs du futur

20061018

 

Les limbes

Je suis tranquillement affalé dans une chaise longue, mes mollets reposant pour l'un sur la table basse, l'autre, par dessus, tient l'équilibre sur le tibia. La nuit m'entoure en plusieurs niveaux concentriques dont le centre est ma tête. La couche la plus éloignée par sa distance et dans le temps est le ciel étoilé, un dôme d'un noir bleuté, transpercé par de nombreux points lumineux scintillants, les plus gros donnant la mesure de profondeur les séparant des plus petits, ceux-ci bien plus proche des premiers que de tous les points que je ne pouvais voir. La couche précédente se situait dans la partie basse du tableau, un papier noir déchiré horizontalement de façon très irrégulière, anarchique ligne d'horizon d'une plaine arborée, celle encore avant, la silhouette en dentelle de l'arrière des arbres proches qui m'entourent, plus proche encore, les devants des arbres éclairés par la lumière anémique de la lampe au dessus de la porte fenêtre de l'entrée, couche contrasté, feuilles de platanes larges et brillantes en dessous sur la gauche, milliers de doigts poilus enchevêtrés, mates, surmontées d'autant de milliers de juvéniles cônes du pin et, bien sûr, les ombres des arbres les plus proches qui renvoient leur long contour au niveau de la couche suivante, côtoyer l'arrière, plus sombre. il fait un peu frais, il est, disons… septembre, non octobre, très belle soirée d'octobre. Je fume un joint, la main qui le tient est presque gourd, l'autre se réchauffe entre mon jean et mon caleçon.
Et puis non, jour, détails, couleurs, couleurs des fleurs, été, non printemps, mai, mais chaud, boisson sur la table qui soutiens mes jambes, joint?… joint, je pense, à quoi? quand je communiquais encore avec moi, mon moi vivant de chairs, dans son corps d'octogénaire. J'étais tellement lui, dans son vieux corps que je pouvait imaginer, puis me faire ressentir parfaitement, les mêmes rhumatismes, crampes, frissons, la fébrilité devant la nouveauté de l'expérience, je pouvais conceptualiser le paradoxe qu'était pour lui de parler, à travers une machine –j'aurai pu me parler directement dans son cerveau, mais je savais que c'était trop tôt– à lui-même, son esprit exact, mais transfigurée par la connaissance. SA parfaite réplique mais en DIEU. Mon rôle de ce coté, dématérialisé, déifié peut-être, fut de lui faire comprendre que je n'étais pas quelqu'un d'autre mais lui-même, pas une réplique, un avatar, mais lui-même ailleurs, dans un tout autre contexte, dans un autre temps, celui qui permettait de me retrouver –j'avais choisis de lui apparaître chez moi, dans un corps de vingts ans, un peu pour lui vendre– face à lui, moi-même, fatigué, juste maintenu dans une relative activité par divers traitements régénérants. J'ai même senti de la jalousie mais surtout de l'effroi de la part de mon moi de chair qui, de toute sa volonté avait pourtant cherché le moyen ne plus avoir besoin de corps.
Nuit étoilée de nouveau, je viens de créer quelques aberrations volontaire dans le tableau, j'ai par exemple fait disparaître toute une zone d'ombre, je crois même que j'ai gardé mordorées les feuilles du platane. J'envisage même d'aller me coucher, pour le fun! De toute façon, je suis aussi entrain de me déplacer en direction d'alpha du centaure.

Comments:
Une infinie de Microcosme"s" dans un Infini Macrocosme, Tout est Un et Un est Tout... Immuable et Éternel, Éternel renouvellement, une Alchimie parfaite, sans début ni fin...

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